Le double attentat-suicide commis samedi 10 octobre à Ankara est le plus meurtrier jamais commis sur le sol turc. Deux jours après, le pays cherche les responsables. Le gouvernement turc a interdit la diffusion des images du pire attentat de l'histoire du pays...

Le double attentat-suicide commis samedi 10 octobre à Ankara est le plus meurtrier jamais commis sur le sol turc. Le gouvernement avance un bilan d'au moins 97 morts tandis que le parti pro-kurde affirme que 128 personnes ont été tuées. Un bilan si lourd que le professeur de sciences politiques Soner Cagaptay qualifie l'attaque de "11-Septembre de la Turquie".

L'attentat a également fait 507 blessés. Cent soixante d'entre eux étaient toujours hospitalisés dimanche soir, dont 65 dans des unités de soins intensifs.

Qui a commandité une telle attaque ? Quels en sont les auteurs ? Le point sur l'avancée de l'enquête, alors que trois jours de deuil national ont été décrétés en Turquie. 

# Un contexte politique ultra-tendu

Les deux fortes explosions ont eu lieu samedi matin, près de la gare centrale de la capitale turque, peu avant une manifestation de partis, syndicats et ONG proches de la cause kurde dénonçant la reprise des affrontements entre les forces de sécurité et la rébellion kurde.

Plus largement, le double attentat-suicide intervient trois semaines avant des législatives du 1er novembre, que le président turc Recep Tayyip Erdogan organise après avoir perdu la majorité absolue au Parlement lors des élections du printemps dernier.

Rappel : le 7 juin, le parti de l'homme fort du pays a perdu la majorité absolue qu'il détenait depuis 13 ans, notamment en raison du bon score réalisé par le Parti démocratique des peuples (HDP, prokurde). Erdogan espère inverser ces résultats le 1er novembre.

# Deux kamikazes en cours d'identification

L'enquête dirigée par le procureur d'Ankara a permis d'établir que les deux kamikazes à l'origine de la déflagration étaient des hommes. Leur identification était toujours en cours lundi matin. 

# Pas de revendication... mais l'EI suspecté

Le gouvernement est resté très discret dimanche et n'a fait aucun commentaire officiel sur l'avancée de l'enquête. En l'absence de revendication, le Premier ministre islamo-conservateur Ahmet Davutoglu a pointé du doigt trois mouvements susceptibles, selon lui, d'en être à l'origine :

- les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK)
- le groupe Etat islamique (EI)
- le Parti/Front révolutionnaire de libération du peuple (DHKP-C) d'extrême gauche.

La piste kurde paraît toutefois fort incertaine, dans la mesure où de nombreux militants pro-kurdes se trouvaient dans le cortège décimé par l'attentat. La chaîne d'information NTV a affirmé que les investigations se concentraient sur la piste djihadiste.

Selon les quotidiens "Hürriyet" et "Habertürk", un des deux kamikazes pourrait être le frère de celui qui a perpétré l'attentat de Suruç en juillet dernier. Cette attaque, très proche dans la forme de celle d'Ankara, avait tué 33 militants de la cause kurde dans cette ville proche de la frontière syrienne. Les autorités turques l'avaient alors attribuée au groupe EI.

# Le gouvernement pointé du doigt

De leur côté, les familles des victimes, tous militants de la cause kurde, pointent du doigt la responsabilité du gouvernement, accusé de n'avoir pas protégé la manifestation de samedi et d'encourager la violence contre le HDP, en l'accusant d'être complice des "terroristes" du PKK.

Source : tempsreel.nouvelobs