Canicule, sécheresse et incendies ont touché le nord-ouest des Etats-Unis cet été, mais ce dont tout le monde parlait, c'est du "Big One", tremblement de terre géant qui touchera la région et fera de nombreuses victimes... on ne sait pas quand.

Le magazine The New Yorker a décrit en juillet les conséquences désastreuses d'un tremblement de terre massif de magnitude 9.2 qui surviendrait sur la zone de subduction située le long de la côte Pacifique et l'inévitable raz-de-marée qui s'ensuivrait. Cet article a été très largement partagé sur les réseaux sociaux et a réveillé de nombreuses craintes. 

Ainsi, à Portland, ville entrecoupée de nombreux ponts et qui comporte beaucoup de bâtiments anciens, le groupe des "Portland Mamas", qui échangent d'ordinaire petites annonces ou recettes de cuisine sur internet s'est littéralement enflammé. 

"Plusieurs personnes ont posté l'article et semblaient complètement effrayées", raconte Joelle Murray, physicienne qui habite dans la ville avec son mari et ses deux enfants. "D'autres parlaient même de ce qu'ils font en prévision d'une telle catastrophe, stockant trois semaines de vivres et d'eau, et installant des vannes pour couper le gaz en urgence. Et comme toutes ces choses postées sur ce site, ça m'a aussitôt fait paniquer et me demander si j'en faisais assez pour protéger mes enfants". 

13.000 morts?
Le "Big One" ferait selon les estimations environ 13.000 morts et personne ne s'aventure à estimer le coût économique d'une telle catastrophe. Les scientifiques ont déterminé qu'un tel événement se produit dans cette zone tous les 243 ans en moyenne. Le précédent remonte à 315 ans... Le prochain pourrait survenir aujourd'hui, ou dans des centaines d'années. 

Selon les estimations de l'Agence fédérale de gestion des urgences (Fema), près de sept millions de personnes vivent dans la zone d'impact envisagée. De par son travail, Joelle Murray savait déjà tout des probabilités de tremblement de terre catastrophique, mais le flot de réactions paniquées de ses voisins et amis a rendu les choses "beaucoup plus inquiétantes". 

Chacun pour soi
Elle a ainsi étudié la possibilité de faire renforcer les fondations de sa maison et d'installer à son tour une vanne pour couper le gaz: des travaux coûteux pour lesquels les spécialistes sont désormais indisponibles pour plusieurs mois, leurs emplois du temps débordant de demandes de ce type. 

Pour ceux qui veulent se préparer au mieux, Jeff Guite, fondateur et président de la société spécialisée American Preparedness, propose des kits comprenant eau potable, lampes de poche et trousse de soins. Sa société basée près de Seattle vend depuis des années des kits de survie de différentes tailles, mais l'article du New Yorker a boosté son chiffre d'affaires, avec une augmentation de ses commandes de 600%. 

"Il n'y a même pas besoin du Big One: avec un séisme de magnitude 7.5 tous les ponts sont par terre. Vous n'allez plus nulle part, à moins d'y aller à pied", dit Jeff Guite. "Et personne d'autre ne va nulle part. Une mère de famille ne peut pas marcher des kilomètres avec ses trois enfants sans eau, sans nourriture ni rien. Ce sera du chacun pour soi", prévient-il. 

Comment le détecter?
L'élu démocrate Peter DeFazio de son côté se réjouit de l'article du New Yorker, lui qui milite depuis des années pour la mise en place d'un système de détection précoce qui donnerait plus de temps aux habitants des régions côtières pour se mettre à l'abri. 

Avec un tel système, la ville de Portland bénéficierait d'un délai de 3 à 5 minutes pour par exemple arrêter tous les trains et fermer les ponts, limitant ainsi le nombre de victimes. 

Seul problème, un tel système coûterait jusqu'à 250 millions de dollars. "On connaît la technologie, il ne nous manque que la volonté de financer ce projet... C'est assez pathétique", regrette M. DeFazio, qui siège à la Chambre des représentants. "Ce serait une catastrophe, pas seulement pour l'économie des régions du nord-ouest, mais pour toute l'économie américaine". 

Guère optimiste de voir ses propositions aboutir devant un Congrès à majorité républicaine, M. DeFazio espère arriver à convaincre l'administration Obama de mettre le système d'alerte à son budget. Et, conclut-il, "je ne me décourage pas facilement".

Extrait de film sur le Big One sorti en 2015

Source : 7sur7